Ils vous prêtent un serment
Et vous en exigent cent.
Ils vous jurent fidélité,
Vous promettent l’honorabilité,
S’immiscent au cœur de votre vie
Et vous exigent en contrepartie,
Soumission et renonciation,
Même à votre dignité.
Comme de véritables usuriers,
Ils tiennent surtout à récupérer,
Au moins cinq cents pour cent
De chaque pécule de confiance
Investi sur vous
Et qui en l’occurrence,
N’est juste que des serments
Dont ils se lèchent les doigts et les babines
Se frottant les mains et s’envoyant des bibines !
«Walaï au nom de ma mère
Je le jure au nom du Père
Jamais je ne te tromperai
Ni Jamais ne transgresserai
Les lois qui régissent
Les liens qui nous unissent.»
Ils prêtent serment
Gentlemen jamais ne ment…
Matin, midi et soir, ils te le rappellent :
Souviens-toi, je t’ai prêté un serment !
Non, deux, trois ou même cinq serments ?
Ils ne s’en souviennent plus trop
Mais ils te rappellent que tu les leur dois !
Ils te harcèlent et te tiennent au chaud
En exigeant mille et une promesses
Pour qu’à jamais tu pérennises leur allégresse :
«Jure-moi que jamais tu ne me mentiras,
Ni jamais ne me trahiras !
Jure-moi que tu ne me lâcheras pas,
Ni jamais ne m’abandonneras !
Jure, oui jure-le moi sur tous les cieux,
Sur toutes les terres et les mers,
Jure-le moi sur ta propre mère…»
Et ils s’attendent à ce que la bouche en fleur
Tu leur jures la main sur le cœur
La reconnaissance de ton éternelle dette
De ton infinie gratitude toujours en fête
Pour le plaisir infini de leur sacre d’usuriers
Qui prêtent des serments
Pour en récolter cinq cents pour cent !