Ils migrent aussi, les sentiments
D’une génération à une autre,
Ils migrent et se dégradent
Hier juste Enfant de ses parents
On est devenu Père ou Mère
Oncle ou Tante, Cousin, Cousine
Et ce qu’on ressentait a déjà migré…
Des temps plus tard, on a changé
Déjà on est Grand-père, Grand-mère
Avec l’âge, la transcendance
Qu’impose la distance de l’expérience
Ce qu’on ressentait a continué à migrer
Et les mots pour le dire vont aussi évoluer
Eh oui, ils migrent les sentiments
Ils traversent les champs de la passion
Chevauchent la houle des colères et des violences
Ils nagent dans les eaux tièdes de la compassion
Et progressivement, ils se parent de tendresse
Et tout doucement, ils s’enrobent de noblesse
Avant de gravir les monts de l’amitié
Ils surfent sur les eaux troubles des jalousies
Hésitent entre truculence et indifférence
Ils rament devant l’épreuve de la tolérance
Et les sentis se battent avec les ressentis
Et la parole migre avec les sentiments…
Et le temps d’une diarrhée de poule
Qui a mangé du piment, on est déjà demain
On est devenu aïeul, puis ancêtre
Condamné au service de la résilience
On s’emmitoufle dans les draps de l’espérance
À léguer forcément à sa descendance
Avant ou pour après, accéder à la délivrance