Elle prit ses jambes à son cou
Quel coup !
À travers les forêts dévastées
À travers des savanes déboisées
Des dunes de sables des déserts
Elle squatta les Villes faméliques oubliées
Par les gouvernements centraux
Récupérées et mises sous coupe
Par les cartels et leurs réseaux
De faux passeurs et fossoyeurs d’espoirs
Elle prit ses jambes à son cou
Mais vraiment quel coup !
Là bas, lui avait-on dit
Les déserts bordent les mers
Les mers côtoient les airs…
Alors elle s’insinua
Dans les soutes des bateaux
Les trains d’atterrissage d’avions
Rien ne l’arrêterait, elle, la parole
Partie à la quête de son faire…
Ne l’avait-on pas dite et écrite
Et même décrétée d’évangile ?
La richesse, c’était… là-bas
La science, c’était… là-bas
La beauté, c’était… là-bas
Le lait et le miel, c’était… là-bas
Bref, Le Paradis, c’était… là-bas
Qui l’eût cru et qui est fou
Pour ne pas tenter sa chance là-bas ?
À l’impossible tous sont tenus
De l’avoir au moins tenté !
Elle chevaucherait même les nuages
Elle ferait prendre l’envol
Même aux barques foireuses
Elle relierait les deux rives
De cette Mer de tous les enfers
Quitte à en faire le sépulcre
De toute une génération
Mais elle verrait de ses propres yeux
La paradisiaque cité croix de fer
Où même les lampadaires
Produisent du lait…